Chapitre 5
- Sa Majesté d'Outretombe
- 2 nov. 2022
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Je le regardais surprise. Je déversais tout mon être et lui, il me répondait par son nom. Certes je voulais le connaître mais j'attendais un petit peu plus. Tout de même ! Je lui balançais un monologue à la figure et il me répondait avec deux petits mots, qui ont certes de l'importance, mais quand même. J'attendis qu'il dise autre chose. Je savais que je perdais mon temps mais je voulais lui laissais une chance.
Comme attendu, il ne dit rien. Il se remit juste à sa position initiale. Que c'était énervant !
- Adam Cramer. C'est tout. Tu n'as rien d'autre à dire.
Il ne me répondit pas, il ne bougea pas. J'avais envie de passer ma main devant son visage pour voir une réaction. Même en le voyant, je n’étais pas totalement sûre qu'il soit à côté de moi. Habituellement, je sentais quand quelqu'un se tenait près de moi, mais là, rien. Il aurait très bien pu disparaître sans que je le sache, ça n'aurait fait aucune différence.
J'en étais arrivée au point de ne pas le quitter des yeux. Peut-être qu'il disparaîtrait vraiment si je ne le regardais plus.
Puis il se tourna vers moi. Un frisson me parcourut tout le corps. Ses yeux ne me regardaient pas, comme s'ils me traversaient, comme si c'était moi qui n'était pas là. C'était horrible. Cette sensation de ne pas être vu. J'étais sûre que c'était ce que ressentaient les fantômes. Mais c'était lui qui était bizarre, pas moi. Moi, j'étais toujours assise sur ce canapé, j'étais vivante. C'était lui qui n'était pas dans son état normal. Alors, pourquoi avais-je le sentiment de ne plus être là ?
Il cligna des yeux et me regarda. Il me regardait moi, dans les yeux. J'étais de nouveau là ! C'était vraiment étrange comme on pouvait passer d'un état d'esprit à l'autre en quelque seconde.
- Que veux-tu savoir d'autre ? Je ne t'ai pas vraiment écouté.
- Est-ce que ça va ?
- Oui. Pourquoi ?
Il plaisantait. Ce n’était pas possible. Il se moquait de moi. Pourquoi ? Il y avait tellement de raison que je ne savais pas par laquelle commençait. Je réfléchis, s'il me demandait ça c'est qu'il n'était pas complètement revenu dans son état normal. La preuve, il n'affichait pas se sourire qui me mettait hors de moi. Je pris une décision. Je l'attrapai par les épaules et le secouai. Je me disais que ça lui remettrait les idées en place. Je m'arrêtai et le fixai.
- Ça va mieux ?
Il enleva mais mains de ses épaules et s'éloigna de moi.
- Je vais très bien. Qu'est-ce qu'il t'a pris ? Tu m'as fait mal.
Non mais j'hallucinais. Il me regardait comme si c'était moi qui avais perdu la tête. Il ne se rendait pas compte de son état et rejetait la faute sur moi. Il me rendait dingue. Il posa une main sur sa nuque et pencha sa tête de droite à gauche.
- Tu as un problème.
- Moi ?! C'est toi qui est bizarre ! Tu fais d'abord le mort et après tu regardes à travers moi comme si je n’existais pas.
Pourquoi ça n'arrivait qu'à moi ? Ce n'était pas possible, il le faisait exprès. Il n'y avait pas d'autre explication.
Il me regarda intensément. Il cherchait une réponse sur ma tête ou quoi ? Je n'allais sûrement pas l'aider sur ce coup-là. Il baissa les yeux et se rassit près de moi.
- Désolé. Donc tu disais…
Désolé ? Il comptait s'en sortir avec un désolé. Après m'avoir fait passer pour une folle. Alors là non, je n'allais pas pardonner aussi facilement. Je le fixai en réfléchissant à une réplique bien cinglante quand il prit la parole.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ?
Je le regardais suspicieuse. Qu'est-ce que je voulais savoir ?
- Je peux tout demander ?
- Dis et je verrai si je te réponds.
Je pris une grande inspiration et me raclai la gorge.
- Parle-moi de ton cousin.
Il me regarda surpris. Il ne s'attendait pas à ça apparemment. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
- Ne rigole pas. Je te l'interdis.
- Je ne rigole pas. C'est une demande légitime. Bien sûr que tu veux en savoir plus sur mon cousin. Mais dis-moi, après tes petites séances d'espionnage tu n'en sais pas assez ?
- Je ne l'espionne pas ! C'est de la curiosité.
Je baissai la tête pour qu'il ne me voit pas. Je voulais m'en empêcher mais je sentais déjà le rouge me montait aux joues. Même sans le voir, je savais qu'il souriait. Ce sourire qui m'énervait encore plus maintenant qu'avant. Je relevai la tête et il se mit à rire. Il s'était retenu trop longtemps.
Vas-y rigole. Je m'en fiche, ça ne me fait rien. Tu peux rigoler autant que tu veux. Même jusqu'à t'en faire exploser le ventre.
- C'est bon j'ai compris. Tu peux arrêter maintenant.
- Désolé. Vraiment.
Il avait les larmes aux yeux. C'était si drôle que ça ? J'étais sérieuse pourtant.
- Donc mon cousin. Elliot. Un enfant charmant.
- Ne te moque pas de moi.
- Je n'oserai jamais.
Il venait de le faire il n'y a même pas quelques secondes.
- Sois sérieux.
- Je te promets. Il n'y a rien à dire. Je suis bien plus intéressant que lui.
- Tu ne m'intéresse pas.
- Vraiment. Je suis un gars génial pourtant. Tu n'aurais jamais de problème avec moi. Et puis on s'entend bien.
Ben voyons...
- Parce que je ne m'entendrai pas avec lui.
- Il n'est pas fréquentable. Ce n'est pas quelqu'un pour toi.
Alors que juste avant il disait que c'était un enfant charmant.
- Pourquoi ?
- Parce que tu me plais déjà et qu'il est hors de question que je te cède à lui.
Je le regardais stupéfaite. Je ne m'attendais pas du tout, mais alors pas du tout, à ça. Il ne pouvait pas être sérieux. Ce n’était pas possible. Je ne savais ni quoi dire ni quoi faire. C'était la première fois alors ça me faisait un peu plaisir mais ce n'était pas la bonne personne.
- Ouah... Tu verrais ta tête. Je ne sais pas ce qu'il se passe là-dedans mais ça va trop loin. Je ne suis pas sérieux, jamais avec une humaine.
- Une humaine ? Parce que tu n'es pas humain peut-être.
- Bien sûr que non.
- Et qu'est-ce que tu es ?
Il se pencha vers moi. Ce sourire réapparu sur son visage. J'avais envie de le gifler mais je ne pouvais pas bouger. Il était trop proche, beaucoup trop proche. Je rougissais et je ne pouvais pas m'en empêcher. Je détestais l'état dans lequel il me mettait. J'avais l'impression de sentir ses lèvres sur les miennes. Je n'arrivais plus à réfléchir et les battements de mon cœur résonnaient dans mes oreilles. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de lui. Je sentais mon corps se contracter. Je n'en pouvais plus. Mon cœur battait trop vite. Ça n'avait aucun sens. Pourquoi battait-il si fort ? Je me posais la question mais j'avais peur de la réponse.
Adam sourit franchement et recula.
- Devine.
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