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Chapitre 1

Dernière mise à jour : 28 oct. 2022



Je suis arrivée dans cette ville quand j'avais 15 ans. C'est là que je l'ai vu pour la première fois, il était assis sur le rebord d'une fenêtre de la maison d'en face. Il n'avait pas l'air plus âgé que moi. Il avait les cheveux mi-long bruns et le regard fixe. Il restait perché toute la journée, toujours dans la même pose, un jambe pendante dans le vide et l'autre replié avec son bras qui reposait sur le genoux. En période scolaire, je le voyais avant de partir et le soir quand je rentrais. Je me demandais souvent s'il rentrait chez lui de temps en temps. Et puis un jour, j'ai décidé de rester réveillée et de le surveiller. Cette nuit-là, je me suis postée devant ma fenêtre, la lumière éteinte et les rideaux tirés. J'ai juste laissé un petit interstice pour pouvoir l'espionner sans me faire repérer. Je le surnommais le "mystère" parce qu'il était pour moi un mystère que je voulais à tout prix résoudre. J'étais à mon poste d'observation depuis une heure trente quand j'ai entendu mes parents monter les escaliers pour aller se coucher. A partir de ce moment précis, tout était calculé.

Je me suis mise sous les couvertures et ma mère a ouvert la porte pour vérifier que je dormais bien puis est partie. Je me suis levée et j'ai regardé l'heure. Il était 21h30. Dans exactement dix-neuf minutes, mon père vérifiera que la porte d'entrée est bien fermée et que tout dans la maison est bien éteint. En remontant les escaliers, il passera dans ma chambre m'embrasser et ira se coucher. Vers 3h00, ma mère descendra se préparer une tisane puis elle passera par ma chambre et me regardera dormir quelques instant avant de retourner dans la sienne en laissant au préalable ma porte entrouverte. Et je n'aurai plus rien à craindre jusqu'à 7h00 quand ma mère me réveillera pour le lycée. Mais j'espérais quand même dormir un petit peu avant, ça fait mauvaise impression de dormir en classe.

Après que mon père soit passé, je me suis dit que j'avais du temps avant l'arrivée de ma mère. Je me suis donc postée devant ma fenêtre. Le mystère était toujours là, il n'avait pas bougé de sa place. J'avais l'impression qu'il ne respirait même pas. Vers 2h00 du matin, je commençais à m'endormir. Je perdais peu à peu espoir qu'il se passe quoi que soit quand j'ai perçu un mouvement du coin de l’œil. Le mystère s'était levé et rentrait dans la maison. Dix minutes après qu'il soit rentré, la lumière s'est allumée. Je voyais des ombres qui bougeaient dans tous les sens. Sans m'en rendre compte je me suis mise debout et j'ai collé mon visage sur la vitre.

Soudain les rideaux en face se sont ouverts et le mystère m'a regardé. Je n'arrivais pas à détourner les yeux, j'étais comme pétrifié. Puis, le mystère a fermé les rideaux et je suis sortie de ma paralysie. J'ai fermé mes rideaux et je me suis allongée sur mon lit. Je n'arrivais pas à fermer l’œil, à chaque fois que j'entendais un bruit je sursautais. J'avais l'impression que le mystère allait ouvrir la fenêtre et rentrait dans ma chambre.


A 7h00, ma mère est venue me réveiller. Je m'étais endormie sans m'en rendre compte. Je me suis habillée et j'ai jeté un coup d’œil à la fenêtre. Le mystère n'était pas à sa place. Je n'avais donc pas rêvé, nos regards s'étaient bien croisés. En bas, ma mère m'appelait. Je suis descendue, j'ai pris mon petit déjeuner et je suis partie. Sur le chemin, je jetais des coups d’œil derrière moi de peur que le mystère m’ait suivie. Arrivée au lycée j'étais beaucoup plus rassurée. Aucun mystère à l'horizon pour m'attraper et me demander pourquoi je l'espionnais. De toute manière je n'aurais pas su quoi répondre. J'avais fait ça sur un coup de tête, je n'avais pas vraiment de raison. Sur le chemin du retour, j'étais plus détendue. Cependant, arrivée devant ma porte d'entrée, j'ai eu la sensation d'être épiée. Je me suis retournée mais il n'y avait personne. J'ai avancé la main vers la poignée et me suis retournée une nouvelle fois. J'étais pourtant sûre d'avoir entendu un bruit de pas. J'ai lentement ouvert la porte et me suis réfugiée à l'intérieur. Il n'y avait aucun bruit dans la maison. Je suis allée dans la cuisine et, dès que j'ai senti l'odeur de chocolat chaud, je me suis sentie en sécurité. Sous la tasse, un mot était posé.


" Ma chère Rose, nous ne serons pas là pendant ces deux jours de week-end. Nous te laissons la maison.

On t'aime !

P.S. : ne fais pas de fête en notre absence."


"Une fête ? Comme si c'était possible."


Au moment où je voulais vraiment les avoir à mes côtés, ils partaient. Ce n'est que quelques secondes plus tard que j'ai vraiment compris la situation. J'allai être seule, toute seule, pendant deux jours. J'allai être confiée à moi-même alors que j'avais l'impression d'être surveillée. Et c'est là que j'ai commencé à paniquer. Durant toute la soirée, j'avais une casserole à porter de main au cas où, et toute les lumières de la maison, sans exception, étaient allumées. Je n'arrêtais pas de regarder autour de moi et au moindre petit bruit je sursautais. N'en pouvant plus, je me suis enfermée dans ma chambre. Je me sentais mieux dans cette petite pièce. Je me suis mise à la fenêtre. Le mystère n'était toujours pas là. Malgré ma peur, je trouvais rassurant de le voir. C'était amusant de l'espionner, de surveiller le moindre de ses gestes, de regarder son visage. Soudain le téléphone sonna. J'ai dévalé les escaliers et attrapé le combiné.


- Allo.

- Allo Rose, comment ça va ma chérie ? Tu ne te sens pas trop seule ?


C'était maman. J'étais tellement soulagée d'entendre sa voix. C'était comme si elle était avec moi.


- Ne t'inquiète pas maman, tout va bien.

- Tu sais, je ne voulais pas partir sans toi mais ton père a dit que tu étais assez grande maintenant et qu'on pouvait de faire confiance.

- Ah oui...


Je ne faisais plus vraiment attention à ce qu'elle disait. J'avais cru entendre un bruit.


- Tu es sûre que tout va bien ? Tu n'es pas malade au moins ? Ta voix m'a l'air lointaine... Mais c'est peut-être à cause du téléphone.

- Maman, arrête de te faire du souci. Je te promets que je vais bien.

- Bien. Je vais te faire confiance alors.... Ton père m'appelle, le travail reprend. Je t'appellerai demain. Au revoir, ma chérie. Je t'aime.

- Moi aussi maman. Au revoir.


Personnellement je ne voulais pas du tout raccrocher mais bon je n'avais pas le choix. Mes parents étaient détective privé. Leur travail était dangereux et ils se faisaient beaucoup d'ennemis. C'est pourquoi je n'avais pas d'amis. A peine avais-je commencer à m'habituer à un endroit qu'on devait déménager. C'était toujours la même chose. Mes parents se sont toujours cachés ce qui fait qu'on avait une identité pour chaque endroit où l'on s'installait. Mais pour l'instant, j'étais Rose Davidson, une fille de 15 ans avec une casserole dans la main et s'approchant à pas de loup de la fenêtre du salon. J'avais cru apercevoir une ombre se faufilait dans le jardin. Quand soudain, une sonnerie brisa le silence. Sur un sursaut, j'ai lâché la casserole qui fit un bruit d'enfer en tombant par terre. J'ai récupéré la casserole et me suis approchée de la porte d'entrée. J'ai pris une grande inspiration afin de calmer les battements de mon cœur et j'ai ouvert la porte.

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