Il se tient derrière moi. Je sens son souffle sur ma nuque. Je ferme les yeux. Je ne dois pas le voir. Je sens ses mains glisser le longs de ma taille. Ils s’arrêtent et me tirent vers lui. Mes yeux papillonnent sous le geste, je m’empêche de regarder en plaçant mes mains devant mes yeux. M’éloigner de la tentation, je dois à tout prix m’éloigner de la tentation. Je ne dois pas le voir, où se sera la dernière fois. Son torse contre mon dos me fait rougir. Je me déteste à réagir à chacun de ses gestes. Ses bras autour de moi se resserrent, je suis trop proche, j’ai du mal à respirer. Il dépose ses lèvres sur mon cou. Mes yeux s’ouvrent par réflexe. Je vois la lumière à travers mes doigts, ma vision se brouille, les larmes coulent, je ne le supporte plus. Combien de fois ai-je due subir ça ? Combien de temps avant que je puisse voir son visage ? Sentir son corps contre le mien ne me suffit plus.
Il me tourne brusquement et me plaque contre lui. Ses bras autour de mes épaules m’enserrent fortement, son visage enfouie dans mes cheveux. Mes bras pendent le long de mon corps, je n’ose pas bouger de peur de faire une bêtise. Je vois par-dessus son épaule la porte de la pièce qu’il a fermé en entrant. Je lève lentement les mains et m’agrippe désespérément à lui. Les larmes ne s’arrêtent plus de couler, je ne peux pas m’en empêcher.
Il embrasse ma tête, mon front, mon cou. Il aime m’embrasser, mais je veux le sentir contre mes lèvres, à l’intérieur. Tout ça ne me suffit plus. Je fais glisser mes mains le long de son dos, passe mes doigts dans ses cheveux longs. J’en veux plus, beaucoup plus. Je ne peux plus le supporter. Je le veux, j’ai besoin de le sentir. Une de ses mains remonte jusqu’à ma nuque, tandis que l’autre me maintient contre lui. Je n’ai aucun moyen de m’échapper et je ne le veux pas. Je ferme les yeux, je ressens son touché jusque dans mes os. Il tire ma tête en arrière et pose ses lèvres sur les miennes.
Plus, j’en veux plus.
Nos corps sont collés, je veux disparaître en lui, ne faire qu’un. Je caresse ses cheveux, je sens sa langue sur mes lèvres. J’ouvre la bouche et il me titille, me cherche, me chatouille.
Plus, j’en veux plus.
Ses mains descendent et me caressent le bas du dos, un frisson me parcourt de la tête aux pieds. Je tremble, j’ai du mal à tenir debout, mes jambes ne me soutiennent plus. Soudain, le sol se dérobe sous mes pieds, je me sens décoller. Je croise mes jambes autour de son buste, je me laisse aller contre lui, j’envoie mon visage dans son cou. Les yeux toujours fermés, surtout ne pas les ouvrir. Je ne veux pas que ça s’arrête.
Plus, j’en veux plus.
Un choc me coupe le souffle. Le mur contre mon dos, je me laisse glisser et il me suit sans me lâcher. Je me retrouve assise avec lui entre mes jambes. Mes bras autour de son cou, je ne veux pas me séparer, je veux le sentir, j’en ai besoin.
Plus, j’en veux plus.
Sa main remonte le longs de ma jambe, passe sous ma jupe. Un frisson. Plus loin, il va plus loin et il m’embrasse sauvagement, comme un être assoiffé. Je n’attends que ça, j’ai soif de lui, de nous. Je n’arrive plus à respirer, à réfléchir. Je sépare nos lèvres et le sers contre moi. J’enfouis mon visage dans son épaule, je sens ses cheveux contre ma joue, je sens son odeur qui m’enveloppe et me rend folle. Ma respiration s’accélère. Ses doigts. En moi. Je ne reconnais pas ma voix. J’aimerais crier son nom mais je ne le connais pas
Plus, j’en veux plus.
Il respire contre mon oreille, mes pensées s’envolent. Ne pas regarder, je ne dois pas regarder. Je mets une main devant mes yeux et la pose sur son épaule. Je ne me fais plus confiance. Je veux le voir, je veux l’entendre.
Plus, j’en veux plus.
Comme s’il m’avait entendu, il me lèche l’oreille. Le plaisir me submerge, mon esprit devient blanc. Il n’existe plus rien à part lui. Ses doigts, sa respiration, ses cheveux sur mon visage. Il ne reste que lui. Puis un vide et il entre en moi. Mes larmes coulent. Nous ne faisons qu’un. Enfin. J’ouvre les yeux, ma vision est brouillée par les larmes et le plaisir. Je vois le sol de la pièce à travers ses cheveux qui se balancent devant mon visage. De longs cheveux bruns. Il tourne la tête vers moi. Je ferme précipitamment les yeux. Je ne dois pas le voir où se sera la dernière fois. Ses lèvres sur les miennes, je fonds sous son poids, son toucher, ses lèvres et ses doigts. Je le sens entièrement. Nous ne faisons qu’un. Je souris, j’attendais ça depuis longtemps. Sur une impulsion, j’entre-ouvre les yeux. Les siens sont clos. Ses cheveux sont plaqués sur son front et ses joues par la sueur. Ses longs cils noirs, ses lèvres entre-ouverte. Puis tout devient noir. Avant de sombrer j’entends sa voix. Un mot. Mon nom. Amanda.
Je suis allongée sur le sol. Un tissu sur moi. J’ai froid, je frissonne. J’essaie de faire le point mais n’y arrive pas. J’essaie de bouger quand une douleur me traverse le corps. Et je me souviens. Lui et moi. J’ouvre les yeux. La pièce est sombre. Mon regard s’habitue à l’obscurité, je commence à distinguer les détails de la pièce. Je baisse la tête. Je porte toujours mon t-shirt, un drap recouvre la moitié de mon corps. Un mouvement sur le côté attire mon regard. Il est là . Il me fait face. Ses cheveux bruns autour de son visage, ses lèvres que je sens encore sur moi. Il s’approche et se mets à genoux à côté de moi. Je tends la main vers son visage. Caresse sa joue, passe mes doigts dans ses cheveux. Il se penche vers moi. Rouge. Ses yeux sont rouges à la pupille fendue. Comme les chats. Il se penche vers moi et je pleure.
Une douleur cinglante, rapide. Elle disparaît aussi vite qu’elle est apparue. Je ne ressens plus rien, tout ça ne semble être qu’un rêve. Le monde disparaît devant moi. Son visage devient flou. Je ne veux pas. Pourquoi ? Ne pas regarder ! Je ne devais pas regarder ! Pourquoi ai-je ouvert les yeux ? Pourquoi ? Mes yeux se ferment, le monde m’échappe. Il n’y a plus rien. Ni lui, ni moi.
Il m’embrasse.
C’est la dernière fois.