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A jamais

Dernière mise à jour : 18 oct. 2022



Elle attend. Devant elle, la pluie tombe à grosse gouttes. Elle tend la main. L’eau froide coule sur sa paume puis le long de son bras. Elle a la chair de poule, elle frissonne mais ne s’en rend pas compte. Elle est loin. Loin de cette pluie et de ce froid. Loin de tout.

Le vent s’engouffre dans son manteau, remonte le long de son dos, caresse son visage, déplace ses cheveux. Mais pour elle, rien ne compte à part son sourire. Lui et elle. Ensemble. Pour toujours et à jamais. Elle sourit. Elle se souvient. Son visage posé sur ses genoux, tourné vers lui. Elle se souvient de chacun de ces gestes. Une main sur son ventre et l’autre caressant tendrement ses cheveux. Ses yeux océans et son sourire quand il la regardait. Elle se souvient quand elle passait les doigts sur sa nuque, quand elle jouait avec ses cheveux blonds. Elle adorait ses cheveux.

L’eau tombe de plus en plus fort, le vent tourne autour d’elle. Elle est belle, tellement belle. Elle dépasse toutes ses espérances. Emporté par sa joie, le vent souffle plus fort. Le manteau s’ouvre, un t-shirt taché de rouge, un jeans dont les genoux sont plus foncés que le reste. Des stries le long des jambes. Elle tremble, baisse la tête et observe son manteau ouvert, son t-shirt taché. Lentement elle referme le manteau et retourne dans l’appartement qu’elle vient de quitter. Le vent la suit. Il veut voir son œuvre, il ne l’a pas encore vu. Sa joie n’en finit pas de grandir. Elle monte les escaliers, les cheveux dansant autour de son visage. Elle sourit. A chaque marche qu’elle monte, elle se souvient. Son visage au-dessus du sien, ses cheveux étalés sur ses genoux, son magnifique sourire. Elle se souvient de son visage approchant le sien. Elle se souvient de ses lèvres sur les siennes. Elle se souvient de ses yeux fermés. Un doux baiser. Elle a ouvert les yeux quand leurs lèvres se sont séparées. Il avait les yeux embués. Toute cette chaleur, elle voulait la faire disparaître, la consumer jusqu’à la dernière goutte.

Elle arrive devant la porte, prend une grande inspiration et entre dans l’appartement. Les lumières sont éteintes. Elle ferme la porte derrière elle et s’appuie dessus. Le vent s’engouffre par la fenêtre restée ouverte. Les rideaux se soulèvent et à chaque mouvement, les lumières de la ville illuminent le salon. Elle s’avance et se dirige vers la chambre. La porte est ouverte et la pièce baigne dans l’obscurité. Le vent pénètre dans la chambre avant elle, il déplace les rideaux, souffle sur les draps. Elle entre dans la pièce et ouvre les rideaux, les lumières orange accentuent sa vision.

Il est allongé sur le lit, il semble dormir. Elle enlève son manteau et le laisse tomber sur le sol, puis son t-shirt qui se retrouve à côté du manteau. Elle se penche et enlève son jeans. Il colle à sa peau, le liquide a traversé le pantalon et s’est retrouvé sur ses jambes. Elle se dirige vers lui et s’allonge à ses côtés. Elle pose la tête sur son bras et se blottie contre lui. Les draps mouillés collent à sa peau mais elle n’y fait pas attention. Rien ne compte à part lui et elle. Ensemble à jamais.

Elle regarde son visage, caresse ses joues et embrasse ses lèvres. Il est à elle. A elle et à personne d’autre. Elle le regarde et se souvient. De sa main dans la sienne, de la manière dont il l’a amenée dans la chambre. La chaleur de sa main dans la sienne et du métal froid dans l’autre. Son sourire et son impatiente. Elle se souvient de lui au-dessus d’elle, de leur baiser. La chaleur dans ses yeux augmentait et elle ne pensait qu’à la consumer. Il a détaché leurs lèvres et l’a embrassée dans le cou. Il voulait aller plus loin, elle le savait. Il en voulait plus, beaucoup plus qu’elle ne pouvait lui offrir. Ses lèvres descendaient sur sa poitrine, ses doigts caressaient son corps. Elle voyait, sentait ses beaux cheveux blonds sur elle. Un frisson l’a parcourue. Elle resserrait sa prise sur le métal froid. Il a levé la tête et l’a regardée dans les yeux. La chaleur ne diminuait pas. Il l’a embrassée, encore et encore. Il ne voulait pas que ça s’arrête. Elle l’a poussé sur le dos et s’est assise sur lui. Elle avait chaud. Sa chaleur la traversait de part en part. Il lui a souri.


Il savait, il a toujours su. Le métal froid contre sa paume s’est levé et s’est abattu sur lui. Il a levé la main et lui a caressé la joue. Il l’aimait, il l’a toujours aimé. Qui qu’elle soit, quoi qu’elle soit. Ses pensées, ses gestes et ses envies, il les a toujours connus. Le liquide rouge s’est écoulé de la plaie, a imbibé les draps et son jeans. Elle a retiré la lame et des gouttes ont giclées sur son t-shirt. La chaleur dans ses yeux a disparu. Elle s’est penché vers lui, a avalé les dernières vagues de chaleur qui s’échappaient de sa bouche.

Le tissu colle à sa peau qui prend une couleur rougeâtre. Le sang ne s’écoule plus. Il a le sourire aux lèvres, les yeux fermés. Il semble apaisé.

Ensemble pour toujours et à jamais.

Elle se souvient et le vent souffle moins fort. Il lui en faut une autre. Elle n‘est pas suffisante. Il est content mais tout ça ne lui suffit pas. La fenêtre s’ouvre et le vent s’échappe. Tout ça ne lui suffit pas. Il part à la recherche d’une autre. Il s’enroule autour des branches d’arbres qui frissonnent. Un hérisson se terre dans son terrier. Le vent passe devant et souffle plus fort. Le hérisson s’enfonce plus profondément et tremble.

Le vent s’amuse et cherche. La prochaine… La prochaine sera magnifique.

Le vent de folie est à la recherche de sa nouvelle proie.

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