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Au bord du gouffre

Dernière mise à jour : 18 oct. 2022



Elle marche dans la forêt. Les rayons de soleil peinent à traverser la barrière que forment les arbres. Seul le bruit des branches dans le vent brise le silence. Ses pieds nus s’enfoncent dans la terre. Sa robe bleue se balance contre ses cuisses à chacun de ses pas. De fins filet de sang coulent le long de ses jambes. Sa robe, déchirée par endroits, ses blessures sur son corps encore saignant, ses longs cheveux bruns, sales et désordonnés témoignent d’une bataille passée. Le sang séché sur ses mains et autour de son cou montrent une victoire de justesse.


Elle marche dans la forêt, dans sa tête une seule pensée, encore et encore. Toujours la même, de peur de la perdre. Le vent dans les arbres se fait plus fort, menaçant mais elle ne fait pas attention. Rien ne doit la déconcentrer. Les larmes coulent sur ses joues laissant des sillons se superposant à ceux déjà existant. Elle se demande pour la énième fois comment elle en ait arrivée là, mais il n’y a pas de réponse. Il n’y en aura jamais. Et ça n’a plus d’importance maintenant. Tout est fini. Quand est-ce que tout avait commencé ? Elle en a une idée mais à quoi bon. Qui la croirait ? Elle a, elle-même, du mal à y croire.

Le vent suit chacun de ses pas. Il ne la perd pas. Il s’envole, faisant pencher les branches, grincer les arbres, fuir tout être vivant à proximité. Malgré tout ce qu’il fait, elle ne s’arrête pas. Elle n’écoute pas. Plus jamais elle ne se fera avoir par ce vent insidieux, envouteur et dangereux. Plus jamais !

Elle continue d’avancer et soudain s’arrête. Elle est arrivée. Un gouffre immense s’ouvre devant elle. Des dents acérées au fond de cette bouche béante n’attendant que de la déchirer en morceaux. Le vent souffle plus fort, il se fait rage, tonnerre et éclair. La pluie se met à tomber, le ciel s’assombrit envahi par sa colère. Les arbres se brisent sous la puissance de ce vent enragé.

Mais rien de ce qu’il fait ne peut l’arrêter. Elle jette un dernier regard à ce vent qui l’a amenée ou elle est, puis se laisse tomber dans la gueule du monstre affamé. Les dents transpercent son corps, sou cou se détache, ses membres se désarticulent, lui donnent un aspect épouvantable. Et pourtant, un sourire se trouve encore sur ses lèvres. Pour elle tout est fini, elle ne se fera plus hypnotisée par ce vent plein de promesses et de mensonges.

Et le vent s’éteint. C’est la première à se réveiller, à aller contre lui. Il ne comprend pas comment ça a pu arriver. Personne ne peut résister à sa mélodie. C’est impossible ! Et pourtant… mais il apprend, il ne refera pas la même erreur. Il chante une autre chanson, qui cette fois, ne faillera pas.


Et la mélodie du vent reprend.

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